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L'antre de shamash
2 juillet 2011

la notion de respect entre soi et autrui

Ce qui est intéressant, c'est de voir comment la conception que l'on peut faire de soi même a un impact immédiat sur la façon de juger autrui. Le fait de se concevoir comme un "moi" unitaire revient à se voiler la face sur la multitude des combinaisons des "moi" possibles, c'est penser que notre identité actuelle correspond à ce que l'on est. C'est chercher un moyen de posséder un fragment de son esprit pour se sentir en sécurité. Pour maintenir cette sécurité, nous nous identifions à des rôles, des concepts, des schémas de pensées qui ont cette particularité d'être droits et non paradoxales. Pour maintenir cette sécurité, nous ne prenons pas le risque de nous mouiller, nous préférons nous limiter à la forme sans chercher à frôler le sens profond, voir l'essence même, de ce qui fonde notre identité. De là, le respect sera présent d'égo à égo ou plus précisément, c'est le sentiment d'identification à une peur commune, celle de l'absurdité refoulée par un voile d'ignorance, qui formera le respect d'un homme à un autre.

 

 

Le propre de l'absurde, que je préfère appeler mystère de la vie, c'est de remettre en questions toutes les vérités que l'on peut nous avoir imposés, remettre en questions toutes les fausses compréhensions et interprétations que l'on a pu faire pour en faire germer de nouvelles. Et la plus grosse de nos incompréhensions, celle que l'on alimente en permanence aux contacts des Hommes, est celle de notre perception de l'égo. La peur de la solitude, cette peur de lâches, est d'avoir peur d'affronter l'ignorance qui nous anime. C'est la crainte d'admettre que notre identité n'assure en rien notre sécurité sauf à travers la prison dogmatique qu'elle tends à construire en puisant dans notre fierté.

 

Qui peut prétendre qu'un oiseau est libre entre 4 barreaux ? L'acceptation de cette prison, c'est faire sacrifice de son potentiel de découverte du monde et de soi même en se coupant les ailes. Admettre qu'il existe en chacun, et surtout soi même, une multitude de "moi",c'est matérialiser une fenêtre afin de pouvoir prendre l'air temporairement, c'est déjà faire un grand pas vers la libération.L'Autre n'inspire plus que des craintes négatives, il devient un moyen de tirer profit de ce qui nous parait inconnu. C'est accepter l'altérité en cherchant à mieux se comprendre à travers les autres Hommes. Le soucis étant que cet état est juste transitionnel. Comment observer d'autres réalités sans prendre le temps de les scruter en profondeur ? Une question encore plus pénible : qui accepterait de s'ouvrir totalement ?

 

A force de scruter autrui, on se rends compte que l'on se retrouve dans la pluralité des "moi" par morceaux, sans véritablement trouver de réponses satisfaisantes pour plusieurs raisons à notre quête d'identité. Il y a par exemple la limitation inhérente à la communication : l'impossibilité d'entrer dans la tête pour lire directement les pensées de la personne nous amène à interpréter l'interprétation que la personne s'est faite de sa pensée. Le chemin que fait cette dernière l'a fait donc déjà perdre beaucoup de son sens originel. La raison la plus importante à cibler est l'évolution permanente de chaque personne et de soi même. On peut traverser un bout de routes accompagné, cela ne nous empêchera pas de nous retrouver seul, et pour ceux qui n'accepteraient pas cette idée, il y aura toujours la mort pour leur rappeler cette réalité.

 

 

De ce fait, il arrive un moment où l'on se demande si notre dépendance à l'identité que l'on se donne vaut la peine d'être dépendance face à l'immensité des mystères que nous offre la vie. Passer ce cap, c'est se plonger dans la pluralité, c'est perdre l'illusion d'avoir une sécurité intérieure. Cette insécurité nous rends paradoxalement serein face à la solitude parce que l'on ne retrouve plus la même sensation de peur. Elle se montre plus douce, plus agréable malgré son effet tapageur toujours aussi fort si ce n'est plus. Une souffrance qui rends heureux. Une souffrance qui s'accompagne d'antinomies incompréhensibles, de contradictions dans notre façon de pensée qui nous rends irrationnels et imprévisibles malgré nous.A partir de là, le respect n'a plus lieu d'égo à égo mais prends lieu en ayant conscience de la distance qui existe entre soi même et autrui, l'humilité prends place face à la différence. Deux choix s'imposent : cracher sur l'Autre par l'indifférence ou prendre le risque de se perdre dans ses pensées. La bienpensante n'a plus de pouvoir, il est question d'engagement au delà de la culpabilité que l'on nous rabâche en permanence, au delà de cette fausse égalité propre aux humanistes, au delà de la muette fierté des peureux.Un nouveau grand risque nous prends de front, la volonté de découvrir de trop et de transformer cette aventure en une quête de sur-puissance.  Maintenant que la possibilité de découverte n'est plus unilatérale, c'est à dire en fouillant à la fois à travers l'autre et que soi même, plus rien ne nous empêche de nous scruter des heures et des heures. De se fouiller au point de ne plus avoir de repères, de valser avec la folie (chose que l'on retrouve aussi à travers l'amour), voir de tomber dans la folie.

 

 

C'est à partir de ce pallier que "deviens ce que tu es" gagne de son sens à mes yeux. C'est en admettant que vouloir donner du sens à sa vie est une chose absurde que l'on donne un véritable sens à notre existence. Et plus besoin de revenir dessus et de chercher à poser des nouveaux mots histoire de garder une certaine fiabilité rationnelle, l'incapacité de définir cette absurdité par un autre mot que "mystère" nous libère de ce fardeau.

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